Je ne commence jamais par enseigner la brasse

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la brasse

C’est surtout en été que les parents en cours particuliers veulent absolument que leur enfant sache nager la brasse. Ils aimeraient que leur enfant puisse enfin être autonome dans le bassin du camping, pour qu’il puisse suivre maman pendant ses longueurs…

Disons-le tout de suite : Je ne commence JAMAIS par la brasse. Dans cet article je vais vous expliquer pourquoi nager la brasse n’est pas une priorité pour moi et comment je commence l’apprentissage.

J’ai appris la brasse en premier

Il est vrai que la plupart de nos parents à ce jour ont appris à nager avec la brasse. Si l’on remonte plus loin dans le temps et qu’on se retrouve au XVIIIe et XIXe siècle, on apprenait les nages de « surface » en faisant des mouvements de gymnastique au sol puis par un système de potence raccordée à des sangles qui permettaient d’exécuter le mouvement dans l’eau sans « couler« . Était-ce vraiment la bonne méthode ?

Demandez aux personnes nées dans les années 1950 comment ils ont appris à nager. La plupart d’entre eux ont vécu la même expérience. Jetés dans l’eau, on a demandé d’agiter les bras comme on leur montrer. Bien des personnes ont été traumatisés par cette pédagogie. Certaines ne peuvent pas entrer dans une piscine sans avoir la boule au ventre à cause de cette mauvaise expérience.

Heureusement, pas tous en sont ressortis avec une peur bleue de l’eau. Certains vous diront que c’est comme ça qu’aujourd’hui ils savent aller jusqu’à la bouée des 300 mètres à la mer. Mais ne pensez-vous pas qu’aujourd’hui, il est temps de construire des bases solides pour explorer le milieu aquatique ? La brasse de mon point de vue, si on s’en sert pour apprendre à nager n’est pas une méthode solide si on ne voit pas tout ce qu’il y a à voir avant.

La brasse : une nage complexe

C’est une nage désynchronisée, c’est-à-dire que les mouvements doivent se faire de manière non simultanée. En effet, une fois je fais aller les bras, puis une fois je fais aller les jambes. De plus, pour l‘équilibre lorsque nous respirons, nous ne sommes ni en position verticale ni à l’horizontale, mais plutôt à l’oblique. La respiration doit se placer judicieusement dans le mouvement des bras pour ne pas perdre de vitesse. Sans parler de la technique des jambes et des bras.

Pour toutes ces raisons, je n’enseignerai pas la brasse lors d’une séance débutant. C’est un choix personnel et professionnel car certains éducateurs le font. C’est leur choix pédagogique, mais ils seront obligés de travailler avec du matériel pour contrer le problème de la flottaison comme la ceinture de flottaison avec ses petits bouchons qu’on enlève un par un au fils des séances. L’apprenant finira sûrement par nager, c’est sûr parce qu’il aura travaillé de bons appuis, mais cela prendra plus de temps. Aussi, on peut se demander si l’enfant sait réellement flotter ? Est-il capable de passer sous un objet ? Mettre la tête dans l’eau ? Et s’il se fatigue ?

Alors par quoi commencer ?

Dans un cours débutant, je privilégie l’aspect sécuritaire. Il est donc important de faire un gros travail de familiarisation. Vous pourrez retrouver mon article sur la familiarisation en cliquant ici. L’enfant doit découvrir toutes les dimensions de l’environnement dans lequel il évolue. En surface, sous l’eau, en long et en large. Il doit apprendre à ce moment, les différentes manières de souffler dans l’eau, par la bouche, par le nez et par la gorge. Il doit pouvoir passer sous un objet, une perche une planche ou un tapis. Il doit comprendre qu’il flotte en ayant travaillé avec l’éducateur la descente à la perche, les chutes et les équilibres. Il doit savoir sauter dans l’eau en comprenant bien qu’il remonte à la surface sans qu’il ai besoin de rien faire et donc sans signe de panique.

Quand pourra-il se déplacer ?

L’enfant pourra se déplacer quand il aura construit un corps flottant comme je vous le disais juste au-dessus mais aussi quand il aura construit un corps dit « projectile » dans le jargon de la natation. Le corps doit entrer dans l’eau sans se déformer. En clair il doit pouvoir se gainer et être droit. Avoir un bon alignement tête, tronc et jambe. Cela se travaille par exemple durant les sauts, ou encore durant les fameuses fusées où ils doivent aller le plus loin possible sans bouger.

Une nage sécuritaire : La nage dorsale

le dos plus sécuritaire que la brasse pour un débutant

Personnellement je commence toujours par enseigner la nage sur le dos. La raison est simple : je veux que mon apprenant connaisse un équilibre qui lui permette de nager sans se fatiguer. Sur le dos, l’apprenant est libre de respirer comme il l’entend. Il ne doit se soucier que de bien monter le bassin, d’avoir le menton bien levé. De plus, s’il le souhaite, il peut même arrêter de faire aller ses jambes pour se reposer et reprendre ensuite en gardant son alignement. Lorsque ceci est acquis, alors seulement j’ajoute le moteur des bras et votre enfant sait nager le dos crawlé.

J’enseigne ensuite le crawl et quand l’enfant est vraiment à l’aise, j’entame une 3ème nage : la brasse.

Pour conclure

Apprendre la brasse est une nage trop complexe, car il y a beaucoup de techniques à intégrer. De plus, un débutant a besoin d’explorer la profondeur, de comprendre qu’il flotte pour pouvoir s’épanouir dans l’environnement aquatique. Avoir recours à une ceinture de flottaison ou à un autre gadget servant à la flottaison ne résoudra pas le problème et créera un nageur de « surface ». Ce n’est pas lui rendre service à mon sens. Un travail de familiarisation, de construction d’un corps flottant, puis projectile et pour finir : propulseur (le fait d’ajouter les bras) sont des étapes clés à l’apprentissage.

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